Vous trouverez ci-dessous un article écrit par Martin Boord, à
l’occasion de la transmission de la lignée Byangter en Inde en 2006/2007 ainsi
qu’une courte biographie de Taklung Tsetrul Rinpoche.
Toutes
les difficultés sans exception étant pacifiées,
Et les
situations harmonieuses étant aussi vastes que les trésors du ciel,
Les
doctrines de Padmasambava, le Seigneur des Jinas
Doivent
vivre longtemps et rayonner avec force.
Indestructible
Gourou Padmasambava qui possédez les Trois Kayas, accordez de réelles réalisations.
Le Tertön
Rigdzin Goddem
Une explication de l’origine et du développement Par Martin Boord
Version
révisée et augmentée [1]
Dissimulation des trésors
Les nombreuses biographies de celui qui dévoila le
trésor, Ngödrub Gyaltsen (dNgos-grub rgyal-mtshan) (1337–1408),
mentionnent que sa forme dharmakaya est Samantabhadra et sa forme sambhogakaya est Vajrasattva. Il se manifesta sous sa
forme nirmanakaya en Inde, en plus de douze incarnations [2] avant de naître au
Tibet au huitième siècle de l’Ere Commune, comme Nanam Dorje Dudjom (sNa-nam rdo-rje bdud-’joms).
A cette
époque, Trisrong Detsen (Khri
Srong-lde’u-btsan), dirigeant du Tibet et grand adepte du Bouddhisme, envoya des messagers en Inde munis
d’offrandes de poudre d’or pour inviter Padmasambava à la fondation du
monastère de Samye (bSam-yas). Parmi eux se trouvait son ministre d’état (zhang
blon) et proche compagnon Nanam Dorje Dudjom. Après son retour d’Inde, Nanam
Dorje Dudjom devint le ministre des affaires religieuses du roi (chos blon) et l'un
des cinq disciples intimes de Padmasambava, [3] et il resta proche du gourou
durant la période de sa plus grande activité d’enseignant. Comme résultat de la
pratique des nombreuses instructions ésotériques qui lui avaient été conférées,
Nanam Dorje Dudjom devint maître de l’esprit et de l'énergie. Maîtrisant la pratique de Vajrakilaya, il
atteint l’éveil insurpassable ce qu’il démontra par des exploits tels que
passer à travers la roche solide ou parcourir de longues distances en un clin
d’oeil. Connus comme étant d’une importance vitale pour la protection des
futurs descendants du roi Trisrong Detsen, les enseignements reçus par Nanam
Dorje Dudjom au cours de son existance furent précautionneusement dissimulés
dans une grotte de montagne où Padmasambhava et son entourage méditèrent durant
sept ans. Il fut placé à côté des textes des images de Vajrakila et des dix
rois courroucés, ainsi qu'une dague rituelle (kila) plantée dans la roche et un
feu s'allumant spontanément. Tout cela fut ensuite scellé par gourou
Padmasambhava lui-même, qui inscrivit trois lettres symboliques sur la porte de
la grotte contenant le trésor et cacha trois clés au sommet de la montagne. Il
marqua finalement le milieu de la montagne de 600 joyaux obtenus du gardien
nagaraja. Il prédit que cette montagne était destinée à devenir la demeure de
bouddhéité et que ses trésors, qui seraient révélés dans le futur, bénéficieraient au Tibet en général et
contribueraient au bien-être de la lignée royale en particulier.
En 1173, Nanam Dorje Dudjom prit renaissance au
Tibet, à Khro-phu cette fois, dans le Tsang méridional. Il était connu tantôt
sous le nom de Jampa Pel le traducteur, tantôt sous le nom de Balpo A Hum Bar
le yogi tantrique. Au cours de cette vie, il révéla quelques termas cachés à
Paro, au Bhoutan, et qui furent transmis par Palgawa Lungpa. A l'époque de Kongtrul
Lodrö Thaye, ces textes avaient disparu mais plus tard, Jamyang Khyentse en reçut une
ancienne copie des mains d’une dakini et put alors les inclure dans le Rinchen Terdzod
(grand recueil de textes trésors) avec ses propres notes supplémentaires.
Redécouverte des trésors cachés
Ngueudroup Gyaltsen (dNgos-grub rgyal-mtshan, Bannière
de Victoire de l’Accomplissement Spirituel) naquit en 1337, le dixième jour du
premier mois de l’année du boeuf de feu, dans la région de gNyan-yul (Place des Démons Serpents) ou Tho-yor
nag-po (Pays des Monticules de Pierres Noires), près du mont bKra-bzang dans la
région de gTsang, à l’Ouest, juste au Nord de gCung ri-bo-che. [4] Au moment de
sa naissance, le ciel se remplit de lumière d’arc-en-ciel et l’air s'emplit
d'une délicieuse fragrance. Des fleurs tombèrent du ciel et l’on endendit de la
musique. Sur son corp de nouveau né, on pu voir des signes auspicieux tels
qu’un vajra sur le front, la syllabe germe sacrée OM sur le buste, une conque
au niveau du cou et une paire de grains de beauté blancs et noirs (sme ba,
tilaka) au sommet de la tête.
La mère de Ngueudroup Gyaltsen, Djotcham Namkhye
Dren (Jo-lcam bsod-nams khye-’dren), était une femme vertueuse de noble descendance et fille d’un adepte des mantras
appelé Do-pa, fils de Phug-cha.
Le père de Ngueudrup Gyaltsen, Lopön Dudul (Sri-’dul-dpal),
appartenait au clan de Dedjin-hor dont la lignée ancestrale remontait au roi
mongolien Gur-ser. Son aïeul Dedjin Deva Raja arriva au Tibet faisant partie de
l’escorte de l’oncle maternel de la princesse chinoise Chin-ch’eng, fille de
Shou-li, prince de Yung. Chin-ch’eng était l’une des femmes de Thrisrong
Tsugtsen (Mes-ag-tshom), père de Thrisrong Deutsen. Dès son arrivée au Tibet,
Dedjin Deva Raja devint ministre des affaires religieuses (mchod blon) et l’état
(gzhi kha) de Namo fût légué à sa famille.
Namo Lungpa Lopdpon Dudul était également un yogi tantrique ayant
des compétences dans les pratiques de Mayajala, Matarah et de Phurbu ze’u smug
gu, premier cycle de la divinité Vajrakila transmis à sa famille plusieurs générations
auparavant. Le jeune Ngueudrub
Gyaltsen étudia ces doctrines sous la tutelle de son père et se montra dès son
plus jeune âge d’une grande habilité tant au niveau de la compréhension que de
la pratique, perfectionnant le samadhi de Vajrakila à l’âge de huit ans. Après
la mort de son père, ce fût d’abord sa mère qui continua son éducation, ensuite
le professeur Palchen Bumpa, de Se, et son frère Legpawa.
A l’âge de onze ans, trois
excroissances de plumes apparurent au sommet de sa tête, et à vingt trois ans,
il en avait cinq. Comme ces
excroissances ressemblaient au plumage d’un vautour, il devint fameux sous le
nom de God kyi Dem Thru Tchen, `Celui au plumage de vautour´. Ces signes extraordinaires, qui avaient du reste été prédits,
étaient reconnus comme les marques d’un être réellement spécial. Il devint
également connu sous le nom de Mahavidyadhara
(Rigdzin Tchenpo), titre qui fût maintenu pour chacune de ses incarnations.
A 25 ans, Rigdzin Goddem trouva sur le flanc Est
du mont Trazang le premier des joyaux naga. Ce signe que Padmasabhava lui avait
laissé avait la forme d’un cristal exagonal, la taille d’un oeuf d’oie et fut
découvert au cœur d’un écrin sphérique empli de nectar parfumé et étincelant
comme le soleil.
Durant cette même période, alors que le précédant Dorje Dudjom était incarné en la personne de Rigdzin Goddem, le premier Lha sras Muthri Tsenpo (fils du roi Trisron Detesen) prit naissance en tant que Tulku Zangpo Dragpa à Latod dans le Sud. Moine de l’école Kagyud, il pratiqua avec résolution, en retraite, jusqu’à l’apparition des signes de succès. Grâce aux bénédictions de Padmasabhava, qui était alors apparu comme yogi et qui l’entrainait, Zangpo Dragpa révéla un grand nombre de textes trésors, dont faisaient partie le fameuse `Prières en Sept Branches de Padmasabhava´ (Le’u Dunma) et la `Prière qui Elimine Tous les Obstacles du Chemin´ (Soldebs BarTche Lamsel). Il révéla les rituels de Hayagriva et de Maitreya dans le temple de Drampa-Djang construit au septième sciècle par Srongtsen Gampo. [5] En 1364 à Djang Yonpo Lung, il découvrit plusieurs sadhanas de Vajrapani, plusieurs guides de lieux de pélerinages, et plusieurs clés permettant de découvrir encore plus de termas. Parmi ces textes, huit étaient reliés aux trésors cachés de Zangzang Lhadrag, dont le Gabpa Nying gi Demig (Clé du Coeur Caché) - qui mentionne spécialement la découverte du joyau naga du flanc Est du Mont Trazang, - et l’inventaire essentiel (snying byang) intitulé Maen ngag Nas kyi Don Dunma. [6] A la nouvelle année (février / mars 1365), Zangpo Drag-pa confia ces textes à Tonpa Sönam Wangtchug [7] ainsi qu’à deux de ses compagnons, avec pour instruction de les transmettre à un yogi qu’ils étaient supposés rencontrer à l’Est, sur la montagne Zang-zang, portant dans les mains une statue ou un rosaire et qui engagerait la conversation avec eux au sujet de Tashi De, le dirigeant de Gungthang. [8] Une semaine plus tard, alors que les trois voyageurs déjeunaient sur la rive d’un ruisseau près du monastère de Drag-lung dans le Yaeru septentrional, Goddemchen arriva venant de Namolung portant dans ses mains une image en laiton de Vajrakila et un rosaire. Lorsqu’ils commencèrent à parler, Rigdzin Goddem se lamenta de la mort de Thri Tashi De. Toutes les conditions de la prophétie étaient donc accomplies. Le reconnaissant comme étant celui qu’ils cherchaient, ils lui transmirent les parchemins trésors ainsi qu’une lettre de bons souhaits scellée par Padmasambhava lui-même. Dès son retour de Namolung, Rigdzin Goddem interpréta
l’arrivée de la planète Jupiter dans la huitième maison lunaire [9] comme le signe
que le temps était venu de retirer la clé des trésors. A l’aube du huitième
jour du mois du serpent de l’année du cheval de feu (1366), un faisceau de
lumière blanche venant de l’Est “comme le tronc du kalpalata qui accomplit les
désirs” frappa le sommet du Mont
bKra-bzang et une petite zone en dessous marquée par
une légère chute de neige. C’est donc
dans les environs des trois obélisques (rdo ring) à l’intérieur de la cavité
d’un rocher blanc saillant (’dzeng brag dkar po) sous le sommet de Riwo Trazang,
que Goddem Tchen découvrit le maillon suivant de la chaine des Trésors du Nord
sous la forme de sept parchemins de papier (shog ril). Ces parchemins étaient
gardés dans une boîte en pierre, disposée avec d’autres, de bronze et de
cuivre, faisant ainsi
office, pour la montagne, de
coeur, de bouche et d’oeil.
Pour compenser le fait de retirer ces parchemins, Rigdzin Goddem enterra à
leur place un autre trésor offert par le roi du Gung-thang, et la cavité
résultante connue sous le nom de Lung-Seng (Creux Venteux) existerait toujours
aujourd'hui. [10] Lors de la célébration de la nouvelle année suivante, lorsque
Rigdzin Goddem eut trente ans, un arbre fruitier apparu spontanément à cet
endroit et l’on pense qu’il s’y trouve encore également.
Deux mois plus tard, le quatrième jour du mois du
mouton 1366, Rigdzin Goddem s’engagea dans le rituel de transmission de
l’abhiseka de Vajrakila à ses disciples. Durant la section préliminaire, juste
au moment où il établissait le mandala des divinités dans le corps de ses
disciples, le gourou apparut et amena ses adeptes sur une montagne ressemblant
à un amas de serpents venimeux (dug sbrul spung ’dra). Les textes décrivent
l’air comme délicieusement embaumé et l’espace s'emplit d’arcs-en-ciel lorsque
Rigdzin Goddem guida ses disciples vers la face Sud-Ouest de la montagne où
l’athmosphère rayonnait d’une lumière rouge rubis dans la splendeur du soleil
couchant. Ils grimpèrent jusqu’à une grotte de montagne, et laissant deux
disciples postés sous l’entrée, [11] Goddemchen entra et commença à prier. Le
ciel s’assombrit après le coucher du soleil, et soudain la roche se mit à
trembler comme signe d’arrivée du maître des trésors (gter bdag).
A minuit, ils allumèrent une série de lampes à
beurre. La lumière qu’elles dégageaient permit au groupe de distinguer
clairement l’image d’un visvavajra sur la roche. Lorsque le gourou pressa cette
marque avec son parchemin de papier (clé symbolique des trésors), il sembla
l’ouvrir comme une porte. Celle-ci donnait sur une chambre triangulaire dans
laquelle se trouvait un serpent bleu pâle de cuivre
liquide au ventre jaune et de l'épaisseur
d'un bras d’homme. Il était allongé, enroulé, faisant face au Sud-Est sur un carré
de pierre bleue, dont le sommet divisé en neuf parties délimitées par des clous
argentés, ressemblait à la carapace d’une tortue. Les replis du serpent
ressemblaient à une énorme pierre précieuse octogonale et il y avait sur son
coeur trois excroissances ressemblant à des gemmes desquelles fut extrait un
rouleau de papier et un joyau symbolique (rin po che’i rtags tsam cig).
Sur la dalle bleue, caché dans les replis du
serpent, était posé un coffret de cuir de couleur bordeaux. C’était l'écrin
quintuple des Trésors du Nord.
Rigdzin Goddem retira du compartiment central de
cuir rouge profond le Kunzang Gongpa Zangthal,
cycle en quatre volumes connu comme étant l’essence distillée des cent milles
textes profonds de la Grande Perfection. Ce cycle devint postérieurement l’un
des exposés de la doctrine atiyoga les plus fameux et vénérés du Tibet. De
l’intérieur de ce compartiment central, il retira également les enseignements
du Lama Rigdzin Dungdrub et
d’autres textes relatifs à la sadhana du guru, deva et dakini, [12] ainsi que
des textes de Vajrakilaya de la tradition atiyoga et trois kilas enveloppés de
soie bordeaux. Tout cela avait été utilisé par Padmasambhava lui-même.
Il avait utilisé le premier d’entre eux lorsqu’il
eut atteint l'accomplissement (de Vidyadhara de longue vie) à Yang-le-shod au
Népal, le second alors qu’il vit le visage de Vajrakila, à Paltchuwori, et le
troisième pour subjuguer les ennemis et obstructeurs à Tagtsang Senge Samdrub,
au Bhoutan. [13] Il y avait aussi trente parchemins de papier enveloppés d’un
tissu de soie bleue, fermés par des cheveux de Padmasambhava, Trisrong Deutsen,
Yeshe Tsogyal, Nanam Dorje Dudjom et d’autres encore, ainsi que diverses autres
pièces sacrées (byin rlabs kyi rdzas).
Le compartiment avant (côté est) du coffret était
confectionné d’une conque blanche et contenait des textes du cycle rGyu ’bras la ldog pa, mettant un terme
à la causalité (cause et effet). Il contenait également les enseignements du dGongs pa nam mkha’ dang mnyam pa’i chos,
sur la similitude entre l’esprit éveillé et le ciel, ainsi que les tantras du
cycle Ka dag rang byung rang shar concernant la naturelle présence et apparition de la pureté primordiale.
Côté sud, la chambre dorée du coffre contenait les
enseignements sNyen sgrub rnam pa bzhi’i chos, sur la quadruple pratique
d’invocation à la déité, et les textes du gSang
sgrub Guru drag po rtsal et des bKa’
brgyad drag po rang byung rang shar. Ces importants cycles de rituels
devinrent aussi célèbres que “le soleil et la lune„ grâce à l'éclat et à la
clarté qu’ils causaient dans l’esprit de ceux qui les pratiquaient. Dans cette
même chambre furent trouvés des textes concernant Vajrakila sous sa forme de
Mahottarakila à neuf visages et dix-huit mains.
Du compartiment ouest, de cuivre rouge, Rigdzin Goddem
retira le rTen ’brel khyad par can et
le Phyi sgrub ’gro ba kun grol faisant partie du cycle rTen ’brel chos bdun. Il retira
également le Tsan dan gyi sdong bu lta
bu’i chos et un volume dans lequel on trouva les enseignements sur rTa
mgrin dregs pa dbang sdud, le ’Khor
’das dbang sdud et le Lha chen, ainsi
qu’un volume supplémentaire contenant le Byang
chub sems dpa’i spyod dbang.
Côté nord, dans le compartiment de fer noir furent
trouvés les textes de rituels courroucés les plus violents. Plusieurs
enseignements de Vajrakila ont été retirés de cette chambre du coffret ainsi
que le dGra bgegs thal bar rlog pa’i chos, un texte qui est dit être
aussi pernicieux que la tige d’une plante vénéneuse (dug gi sdong po lta bu). Huit traités sur la combinaison du rituel
de médecine (sman gyi tshad byas pa)
ont également été trouvés là, ainsi que des commentaires supplémentaires (upadesa) et des instructions quant à la
manière de “croiser des fils„ (mdos) [14] mais ces textes n’ont pas tous été
transcrits et propagés.
Après avoir découvert ces cinq trésors d’enseignements (mdzod lnga), Rigdzin Goddem organisa chacune des sections en 101 parties et réarangea les rouleaux de papier jaune (shog ser po ti) en paires, comme mère et fils marqué des trois syllabes germes (bija) des quatre désses des portes. Rigdzin Goddem construisit un petit monastère à bKra-bzang, qu’il laissa ensuite en héritage comme résidence à son fils rNam-rgyal mgon-po, et y enseigna les doctrines contenues dans le quintuple trésor à son fils, sa femme et à quelques uns de ses disciples. [15] Ces enseignements devinrent connus sous le nom de Byangter ou Trésors du Nord pour les distinguer des Lhogter (Trésors du Sud) qui avaient été révélés précédement par Nyangal Nyima Odzer (1136–1204) et par le Guru chos-dbang (1212–1270). Ces trois tertons sont reconnus au Tibet comme les émanations kaya, vac et citta de Padmasambhava lui-même et comme les trois plus grands tertons.
Rigdzin Goddem a également découvert les sept ‘terres cachées’ (sbas yul) où l’on peut vivre dans le bonheur et la paix, tout en étudiant le Dharma. [16] Il se rendit au Sikkim (’Bras-mo gshong) l’année du boeuf, et résida dans cette région durant 11 ans (1373–1384), expérimentant de nombreux rêves prophétiques, accomplissant des miracles pour le bénéfice de tous les êtres, et transformant cette terre (particulièrement la Grotte de Roche Blanche de bKra-shis-lding) par sa bénédiction en un lieu puissant pour la méditation. [17] Dans la Chronique des dirigeants du Sikkim, le culte local dédié à la montagne la plus sacrée de la région (Gangs-chen mdzod-lnga) est décrit comme faisant partie du travail du terton Byangter suivant, Shes-rab me-’bar. Des danses sacrées sont rálisées chaque année à la pleine lune du septième mois tibétain sur commande royale en l’honneur des déitées supposées résider sur les cinq pics de cette montagne. Rigdzin Goddem lui-même retrouva d’autres termas du pic central. Cette seconde révélation se présenta sous forme d’images: une de Padmasambhava sous une forme courroucée et une de la déesse mThing-kha. Des lettres annonçant ces découvertes ont été répendues à travers le Tibet étant suspendues au cous de vautours.
En plus des Termas qu’il révéla lui-même, Rigdzin Goddem détenait la clé de nombreux autres lieux cachés (them byang, kha byang) et il joua donc un rôle important dans l’exhumation de beaucoup d’autres textes et de puissants objets de culte.
Les prophéties qui décrivent les trésors de Zangzang
Lhadrag comme étant d’une importance particulière pour la dynastie des
descendants de Trisrong Detsen s’accomplirent en 1389 lorsque Rigdzin Goddem,
âgé alors de 52 ans, fut nommé principal précepteur du roi de Gung-thang,
Tchogdrubde. [18] Le Lama transmit au roi un grand nombre d’instructions et de
transmissions de pouvoir, et lui offrit le kila de Padmasambhava, appelé Srid
Sum Duddul [19] ainsi que d’autres puissants objets sacrés. Il est fait
référence dans nos texte d’un objet de culte particulier, considéré comme
spécialement puissant pour les descendants de la lignée royale: ‘le précioux
Gong khug ma’. Personne ne sait avec certitude si cet objet est lui-même un
texte ou un kila de rituel que le siddha d’Oddiyana portait toujours sur lui et
qui aurait ensuite été légué avec les instructions orales appropriées par Yeshe
Tsogyal. [20] Il représente en tout cas le pouvoir de Vajrakila et incarne
l’essence des doctrines de Vajrakila.
C’est durant cette période où il résidait avec le
roi Tchogdrubde que Rigdzin Goddem
ouvrit la terre secrète de sKyid-mo-lung.
Il passa cependant la majeure partie du temps à méditer dans son monastère à Riwo Palbar, que lui avait offert le
roi.
Au cours de l’été de l’année du serpent de fer
(1401), Rigdzin Goddem donna la transmission du Gongpa Zangthal à quinze de ses adeptes sur le Se-ston thugs-rje
rgyal-mtshan. Une branche importante de la lignée fut donc renforcée à Se.
A Zilnon au Sikkim, en 1408, année de la souris
male de terre, Rigdzin Goddem, âgé alors de 71 ans, partit vers les terres
pures. Le grand nombre d’enseignements et de préceptes tantriques spéciaux
qu’il légua pour la prospérité fut transmis à travers trois lignées connues
comme les lignées de la Mère, du Fils et du Disciple. Les détenteurs successifs
des trois doctrines sont renommés pour avoir atteint de nombreux siddhi
ordinaires et supérieurs.
Assurer la continuité de la tradition
Ayant établi l’école des Trésors du Nord au Tibet,
Rigdzin Goddem reste à ce jour engagé par ses voeux de bodhisattva à propager
ces enseignements aussi longtemps qu’ils continuent à être utiles pour
l’humanité. Conformément à ses préceptes religieux, au milieu du 14èm siècle, il s’est manifesté sous la forme d’une émanation ayant pour nom Goddem
Yangtrul, le glorieux (dpal ldan) Jamyang Lama. Apparaissant au gTsang dans la partie supérieure du Nyang, à l’ouest du lac Yar-’brog le long de la rivière Nyang-chu dans la région de rGyal-rtse, Jamyang Lama s’installa dès
son plus jeune âge dans une communauté de pratiquants Nyingma et il s'avéra
capable de dissiper tous leurs doutes et confusions concernant les
enseignements des soutras et des tantras.
Dans une secrète grotte à trésor de dakini, en
cette région supérieure du Nyang, il découvrit un enseignement terma incluant
de puissantes prières aux gourou, deva et dakini, grâce auxquelles des milliers
d’individus obtinrent la libération. Procurant des bénédictions spéciales aux
populations locales de Shangs, rTa-nag et d’’U-yug, les enseignements qu’il
révéla à cette époque furent incorporés plus tard dans le système des Trésors
du Nord. La lignée de ces enseignements resta ininterrompue même du temps de
Kongtrul Lodro Thayé, qui inséra plusieurs de ces textes dans le Rinchen Terdzod
et les agrémenta d’explications supplémentaires de sa composition.
La première de ses ‘grandes’ incarnations prédite
par Kunkyong Lingpa, était Terton Legden Dudjom Dorje (1512–1625), du Nga’-ris glo-bo [21]. Son père, Jamyang
Rinchen Gyaltsen, était un érudit et yogi renommé, l’incarnation finale de
Marpa Lotsawa. Sa mère était Drotcham Thrompagyen, et son frère aîné le fameux Ngari
Panchen. Son père fut son premier professeur, mais c’est de son gourou racine
Sakya Eangpo qu’il reçut la transmission des Trésors du Nord. [22] Il étudia
également avec de nombreux grands maîtres des Kama et Terma, et devint un lien
vital dans la transmission des enseignements de l’anuyoga, qu’il reçu de son
père et qu’il confia par la suite à Kyiton Tsering Wangpo en une continuité de
lignée qui échut à Rigdzin Péma Thrinlé. Il révéla trois volumes
supplémentaires d’enseignements des endroits où ils étaient cachés, à Samyé, à ’On-phu stag-tshangs et à Lha-ri
snying-po au Sikkim. [23]
Son frère aîné, Ngari Panchen Padma Wangyal
(1487-1543), [24] éminent érudit et adepte de la lignée Byangter, établit un
monastère provisoire auquel il donna le nom de Evam Tchoggar, sur le flanc de
montagne près de la grotte. [25] Anticipant le futur développement de la
communauté de moines qui y résidait, il conçut un code de conduite stricte que
tous devaient suivre. [26] De cette façon, les enseignements du laïc, le vidyadhara Goddemchen, devinrent le
principal sujet d’étude d'une communauté de bhiksus ordonnés. Ces enseignements
furent par la suite ajoutés par Padma Wangyal à ses propres termas, le cycle de
Rigdzin Yongsdue. [27] Encouragé par le Terton Sherab Odzer, Padma Wangyal continua
à développer les activités et la réputation de cette communauté religieuse et
établit finalement le monastère de Thubten Serdogchen. Il mourut à l’âge de 56
ans dans le village de ’On-sme-thang.
En 1550, Padma Wangyal avait pris renaissance dans le haut gYas-ru, dans le nord du Tibet, comme Trashi Tobgyal Wangpo’i
de (1550–1607), fils du chef du clan Nam-mkha’
rin-chen, descendant des rois du Mi-nyag. Sa mère
s’appelait Tcheukyong Dzomchen. Continuant le travail de son prédécesseur, Trashi
Tobgyal découvrit d’importants Termas dans le temple de (?) rya Palo à Samye, et
dans le stupa doré à Lho-brag ’jod-pa.
Volant vers la grotte de la pratique secrète au sommet du rocher Lhang-lhang à gTsang-rong, il révéla trois cycles d’enseignements supplémentaires
[28] et devint réputé pour ses activités religieuses tant au Kham qu’en Chine.
Parmi son œuvre complète, se
trouve la biographie du gourou Padma, terminée en 1603, et le Byang gter
mnga’ dbang skor gyi mtha’ dpyod byang pa gu ru ral pa can gyi legs bshad.
Son principal enseignant du Byangter était Rigdzin Legdan Dorje, mais il étudia
également avec Djampa Tcheuki Gyaltsen, Ratna Bhadra, Rinchen Puntsogs et Yanpa
Lodé. Désireux de renouer la relation avec les dirigeants du Tsang qui avaient brisé
l'harmonie au sein la communauté monastique du Tchang-gter et contraint les
moines à l’errance, Trashi Tobgyal,
avec l'aide du sponsor religieux
Powo Kanam Gyalpo, continua la construction du centre de retraite se trouvant
sur le flanc de la montagne Ngari Panchen Evam Tchogar qu’il renomma Guru Padma’i
Evam Tchogar.
A 30 ans, Trashi Tobgyal eut un fils qui devait être le dernier héritier de sa lignée familiale issue des princes Tchang Ngamring, descendants des rois de Minyag. La mère du jeune garçon était Lhatcham Yidzhin Wangmo du clan divin de Zahor. Reconnu comme la troisième incarnation du Mahavidyadhara God kyi Dem Thruchen, cette grande incarnation Ngaggi Wangpo (1580–1639) prit refuge avec le Drigung Tcheugyal Rinchen Puntsog de qui il reçut le nom de Ngagwang Rigdzin Dorje Tcheugyal Tenpa’i Gyaltsen Palzangpo.
Il reçut de son père toutes les initiations des kama et terma, et
s’entraîna tel un bhiksu, un bodhisattva et un guhyamantrin, maintenant les
trois séries de vœux en parfaite pureté. Il pratiqua avec application et
concentration à Yarlung Sheldrag
ainsi qu’en d’autres lieux puissants associés à Guru Padmasambhava, il vit le
visage des devas et des dharmapalas et il obtint d’incomparables siddhi et
capacités pour apporter d’énormes bénéfices à tous les êtres.
Khédrub
Tashi Namgyal, auteur d’une oeuvre originale clarifiant la doctrine de l’école nyingma,
était un de ses disciples, tout comme Zurchen Tcheuying Rangdrol, un grand
gourou qui comptait parmi ses propres disciples le Vème Dalai Lama
(à qui il conféra les enseignements de Vajrakila, la sadhana des huit héroukas
et le Nyingthig), et Rigdzin Padma Trinle, entre autres.
Sous l’influence de Ngaggi Wangpo, la paix et
l’harmonie régnaient sur les bouillants seigneurs de la guerre de l’est du
Tibet. Il voyagea vers l’ouest et déplaça sa résidence d’Evam Tchogar sur la
rive nord de la rivière Tsangpo, vers un endroit auspicieux qui lui fut indiqué
par le symbole d’un vajra (dorje) qui se forma spontanément sur un rocher
(brag) avoisinant, à l’ouest de Samye dans la province centrale de Ü. C’est là,
en 1632 (l’année du singe d’eau), qu’il fonda le monastère de Guru Padma’i Evam
Tchogar Thubten Dorje Drag. Depuis lors, ce monastère a été le lieu d’étude
principal de la lignée des Trésors du Nord et le siège de toutes les incarnations
successives de ses Tertons, postérieurement connues sous le titre de
“Vidyadhara de Dorje Drag.” Ngag-gi Wangpo, la troisième incarnation de Goddem
Chen, fut donc également connu sous le nom de premier Dorje Drag Rigdzin.
Tout au long de la période durant laquelle son fondateur fut en vie, le monastère de Dorje Drag abrita environ deux cent moines. [29] S’agrandissant encore les dernières années, il était destiné à devenir l’un des principaux monastères Nyingmapa du Tibet. Malgré cela, Rigdzin Ngag gi Wangpo n’était pas satisfait de ce qu’il fut capable d’accomplir et vers la fin de sa vie, il confia des plans de développement supplémentaires à son disiple Tendzin Norbu de Yolmo. [30]
Le Grand Vème Dalai Lama reçut l’année
de sa naissance en 1617 l’initiation de longue vie de Ngag-gi Wangpo. Plus
tard, il reçut également la série complète des autorisations tantriques de la
tradition des Trésors du Nord (dont une partie aurait été reçue directement par
le maître décédé Tashi Tobgyal en visions mystiques [31]), ainsi que les
enseignements impartiaux issus de sa propre école (Gelugpa) et d’autres écoles.
Le Grand Vème Dalai Lama, qui admirait et honorait Ngag-gi Wangpo,
composa sa biographie.
Ngag-gi Wangpo décéda en 1639.
Deux années plus tard, à Monkhar Namseling,
Lobzang Padma Thrinlé (1641–1718) naquit comme fils de Karma Puntsog Wangyal
du clan de Dja-nag.
Sa naissance fut marquée par un nombre de présages
auspicieux inhabituellement élevé, et le garçon fut rapidement reconnu comme le
quatrième de la lignée des Mahavidyadharas. A l’âge de six ans, il fut
intronisé à Dorje Drag par son précédant disciple Tendzin Norbu de Yol-mo.
Padma Thrinlé devint par la suite
disciple du Vème Dalai Lama de qui il réçut les voeux de sramanera
et de bhiksu.
Etudiant intensément sous la supervision des plus
grands maîtres de l’époque, [32] Padma Thrinlé reçut initiations et commentaires d’un grand nombre
de doctrines tantriques des anciennes et des nouvelles écoles, qu’il mit en
pratique lors de longues périodes de retraites au monastère de Dorje Drag mais
aussi dans les lieux puissants bénis par Padmasambhava de Drags Yangdzong et de
Chu-bo-ri. Le résultat de sa
grande érudition et perspicacité fut son aptitude à raviver et à étendre les
enseignements de sa propre lignée d’incarnations, l’école des Trésors du Nord
de Dorje Drag.
Regroupant tous les enseignements qui avaient été
transmis en trois courants par le terton original (les lignées de la Mère, du
Fils et du Disciple), il les unit en une seule lignée.
Il composa de nombreux traités et travailla
énormément en vue d’arranger correctement l’ordre liturgique des textes des rituels
Byangter, ajoutant des parties supplémentaires aux textes originaux là où
c’était nécessaire.
Il corrigea également les erreurs apparues lors de
la transmission, il rétablit les traditions antérieures de rituels devenues
confuses ou qui s’étaient perdues, telles qu’un système correct de chant, la préparation des mandalas et des offrandes spéciales …etc. Son travail remplit treize volumes.
Au même titre que l’importance des efforts qu’il
fournit pour le Tchang-gter, Kunkhyen Padma Thrinlé est également reconnu pour
le rôle qu’il joua dans la lignée de transmission du Do Gongpa Dupa, les textes
prééminents de l’anuyoga. Pressé par les demandes de son maître, le Grand Vème Dalai Lama, il composa le Dupa Do’i Wangtchog Kyilkhor Gyatso’i Jugngog et conféra
en de nombreuses occasions l’initiation des sutras. Il transmit également les
enseignements complets et les initiations du Kalachakra-tantra et des
initiations du mahayoga. Orgyen Terbdag Ling-pa et Lo-chen dharma-sri compttaient
tout deux parmi ses disciples. [33] Rigdzin Chenpo Padma Thrinlésfut tué en
1718 lorsque les Mongols Dzungar, protecteurs fanatiques des Gelugpa, rasèrent
le monastère de Thubten Dorje Drag. [34]
La cinquième incarnation de Rigdzin Goddem fut Kalzang
Padma Wangtchuk (1720–1770), qui naquit à Nyag-rong Tchagdud dans le
district de Poborgang (Bu-bor-sgang) situé au sud-est du Tibet. Sa famille
prétendait descendre d’une ancienne dynastie de monarques Tibétains lHa. Après
son intronisation où il fut reconnu comme le troisième Dorje Drag Rigdzin, il
se rendit compte de tous les dommages qu’avait subi son monastère, qui une fois
remis sur pied, resta un centre important de la tradition Nyingma pour les deux
cents années qui suivirent. Ses propres enseignements visionnaires (dag snang)
comprennent le Kadu Tcheukyi Gyatso et le Padma Dragpo, des méditations du
gourou sous un aspect féroce. Certaines scènes issues de ces visions sont
reproduites le premier mois de chaque année, comme danses sacrées faisant partie
des célébrations du nouvel an.
Après
lui, arriva Khamsum Zilnon (Kun-bzang ’gyur-med lhun-grub rdo-rje, la sixième
incarnation et le quatrième Dorje Drag Rigdzin), qui naquit à Sertog dans la
région de Dartsedo. [35] Il fonda le monastère appelé Gar grwatsang à Dartsedo,
une branche du Dorje Drag
(rDor-brag-smad). Cet établissement de la tradition Byang-gter à l’extrême-est devint
le monastère familial des dirigeants de Tchaglade Dartsedo. Lors d’une vision
pure, il obtint une pratique spéciale de longue vie qui fut inclue par la suite
au Rinchen Terdzod par Kongtrul Lodreu Thayé.
L’incarnation suivante, Ngagwang Jampel Mingyur Lhundrup Dorje (cinquième Dorje Drag Rigdzin, 1839–1861) venait de Namsréling dans le Mon-mkhar. Hélas, il mourut à l’âge de 22 ans et peut d’informations furent recueillies concernant son activité.
Le sixième Mahavidyadhara de Dorje Drag fut
Kalzang Padma Wanggyal Duddul Dorje, qui naquit dans les hauteurs de La-yag à
lHo-brag. Célèbre pour son habilité dans les pratiques tantriques féroces, il
aurait même repoussé l’armée d’invasion Gorkha au moyen de pouvoirs occultes,
suite à quoi il reçut du gouvernement, en guise de remerciement, le titre de Hu
thug thu. Il mourut également très jeune.
Thuten Tcheuwang Nyamnyid Dorje, la neuvième
incarnation de Rigdzin Goddem, naquit à Ramoche Gyaldong, près de Lhassa, le
cinquième mois de l’année du singe de bois (1884). Son père était Sönam Tobgyal
et sa mère Tsetchig Drolma. Il reçut ses premiers voeux à l’âge de deux ans,avec
le XIIIème Dalai Lama, qui lui donna également son nom. A trois ans,
il fut reconnu et amené au monastère de Dorje Drag pour être intronisé. Ayant
reçu la lignée entière des enseignements de l’école des Trésors du Nord des
maîtres Jigmed Gyalwai Nyugu et Yongdzin Kalzang Tsulthrim, il fut capable au
cours de l’année du rat de fer (1900) de recevoir son premier précepteur le
XIIIème Dalai Lama, comme invité à Dorje Drag.
Cinq ans plus tard, il prit ses voeux finaux avec le précepteur Kunzang Padma Drodul Dorje à Yardrog Dragra. En 1911, il restaura la structure du monastère de Dorje Drag et y établit, en 1916, un nouveau centre de retraite appelé Sheldrag Riwo Lhonub. Invité à visiter Dartsedo par le prince Tchagla dans la région du Kham, il y visita un grand nombre de monastères Byangter et construisit un grand stupa. Il partit pour les champs purs l’année du singe d’eau (1932).
L’actuel desservant (Huitième Dorje Drag Rigdzin)
né à Lhassa en 1936, se nomme Thubten Jigmed Namdrol Gyatso. Reconnu comme la
dixième incarnation du terton, il
fut ordonné moine par Radreng Rinpoche, le régent du XIIIème Dalai
Lama. Il étudia la tradition Byangter avec Gotsa Khenchen Thegchog Tendzin,
disciple de son prédécesseur, et reçut également des enseignements de Khen Rinpoche
de Mindroling et de Dudjom Rinpoche.
Malgré le renversement du Tibet par les communistes chinois, Namdrol Gyatso resta au Tibet et s’activa à la reconstruction de son monastère qui avait été presque complètement dévasté lors de cette ‘révolution culturelle.’ [36]
Notes
[1] Une version antérieure de ce texte fut publiée comme premier chapitre dans le Culte à la Déité Vajrakila, Tring, 1993.
[2] Le Ier Dalai
Lama énuméra et nomma les incarnations antérieures des Tertons Byangter en Inde
et au Népal:
(1) Samantabhadra, le dharmakaya,
(2) Vajrasattva, le sambhogakaya, (4) Khye'u-chung she-la rog-po,
(5) rGyal-sras deva bzang-skyong,
(6) Byang-sems ye-shes snying-po,
(7) bKa'i-sdud-po Nam-mkha'i mdog-can (connu également comme
Vajragarbha II),
(8) sKye-rgu'i bdag-mo,
(9) mKha-'gro bde-ldan-ma,
(10) mKha-'gro rig-byed bde-ma,
(11) Yid-byin (sbyin) dpal, (13) Byang-sems nam-mkha'i snying-po,
(14) Sems-dpa' chen-po nor-bu 'dzin-pa, (16) Drag-po gtum-po, (18) le bhiksu Zhi-ba'i snying-po,
(19) lha-lcam Mandarava (Yid-'dzin lha-mo), (21) le ministre du Dharma Ye-shes-gsal,
(22) bTsun-mo 'od-'chang-ma,
(23) bDe-ba'i 'byung-gnas,
(24) la dakini Gar-gyi dbang-phyug (Nartesvari),
(25) la dakini Susati (bDe-'byung II),
(26) Ded-dpon ka-kha-'dzin, et
(27) la Népalaise Jinamitra.
[3] Las can dag
pa'i 'khor lnga, "le cercle des cinq fortunés ", était composé de Nanam
Dorje Dudjoms, le roi Thrisrong Deutsan, son fils le prince Muthri Tsenpo, Namkha'i
Nyingpo et la dame Yeshes Ttsogyal.
[4] Ce lieu
fait partie de la "myriarchie" (khri skor) de Byang, une des 13 "myriarchies"
du Tibet Central durant la période Mongole (dynastie de Yuan). Il fait partie
du domaine appelé La-stod (partie
occidentale du gTsang), dont la capital est Ngam-ring.
[5] C’est un des 12 temples construit par Srongtsen Gampo pour
subjuguer et maintenir sous contrôle la démone du Tibet. On dit qu’il presse sa
hanche gauche.
[6] D’autres
textes, amples, moyens et abrégés portent les titres: sNying byang rgyas pa gnad kyi them
bu, ’Bring po thugs rje’i ’od zer, et bsDus pa thugs rje’i lcags kyu. Joints à ces derniers, il
y avait également le Phyir zlog ’khor lo ’bar ba, le Zhal chems thugs kyi
thig pa,
le Kha
byang gter gyi bang mdzod, et le Lam byang gsal ba’i sgron me.
[7] Un maître
vinaya impliqué dans l’ordination de Rin-chen 'byung-gnas. G.Roerich, Les
Annales Bleues page 634 (titre original: A vinaya master involved in the
ordination of Rin-chen 'byung-gnas. G.Roerich, The Blue Annals)
[8] Le royaume de Gung-thang lies du sud-ouest de Byang. Sa capital est rDzong-dkar,
située à la fin de la vallée de la rivière Trisul-gandaki. Entre
ici et le lac sPa-gu se trouve le fameux passage Gung-thang par lequel
Padmasambhava entra au Tibet et le quitta. bKra-shis-lde y régna entre 1352 et 1365. Son fils,
Phun-tshogs-lde, entre 1365 et 1370 (voir note 10 ci-dessous). mChog-grub-lde régna de 1370 à 1396.
[9] Cette configuration auspicieuse marqua la naissance du Bouddha.
Buddhacarita I.9, II.36.
[10] Khri Phun-tshogs-lde, à l’époque roi de Gung-thang, n’était pas
bien disposé à l’égard du Terton Rigdzin Goddem et les offrandes qu’il lui
faisait parvenir étaient maigres. Rigdzin Goddem retira donc les parchemins qui
protégeaient la lignée royale et les dissimula à nouveau à Riwo Palbar. Ils
furent restitués par la suite au fils aîné du roi, mChog-grub-lde, avec qui le Terton
entretenait d’excellentes relations. Khri Phun-tshogs-lde fut assassiné en
1370.
[11] Les deux
qui furent laissés dehors étaient rDo-rje mgon-po et Sangs-rgyas bstan-pa (voir note 15, ci-dessous). La
grotte est depuis lors connue sous le nom de Lha’i-skyed-tshal, Le Bosquet du Plaisir
des Dieux.
[12] Connu comme "les
trois racines" de la pratique tantrique.
[13] Padmasambhava lui-même disait ces mots: “Ce trésor contient un kila en fer forgé de la même longueur que ma main, élaboré par dPal-rtsegs, le forgeron de Mon. Il a été consacré en tant que karmakila et donc, par le simple fait de le brandir dans les airs, toutes les espiègleries des ennemis et des obstructeurs seront immédiatement écartées. Ce kila se nomme Srid gsum bdud ’dul (Controleur des Démons des Trois Mondes) et son activité est de réprimer toutes les interférences démoniaques. Il y a également un kila ayant reçu les bénédictions de Krodhamañjusri (Yamantaka) qui lui fut taillé en bois de rose noir par des experts chinois. Sa longueur équivaut à la largeur de huit de mes doigts et il est à utiliser lors de la méditation. Il porte le nom de ’Bar ba mchog (Radiance Suprême) et celui qui le détiendra verra très rapidement le visage de la déité Vajrakumara. Dans ce trésor, il y a encore un autre kila fabriqué par un expert indien à partir de cinq métaux différents. Sa longueur correspond à la largeur de cinq de mes doigts et il porte le nom de Sras mchog nyi ma (Rayon du Soleil Suprême). Son activité est telle que la lignée familiale de son propriétaire sera entretenue durant plusieurs générations.” A33, 239-240.
[14] Aucune de mes sources n’indique de doctrines bonpo parmi ses
découvertes à moins qu’elles ne soient indiquées par les mots "mDos ... et
plus loin upadesa". Ramon Prats et Tulku Thondup disent
cependant que Goddemchen est
vénéré par les Bonpo comme un terton (Prats le nomma dPon-gsas khyung-thog) mais
aucun ne donne de précision concernant les révélations qui lui sont attribuées. (Issu des
livres de: R.Prats, " Some Preliminary Considerations Arising from a
Biographical Study of the Early gTer-ston" page 259 et de T.Thondup, "Buddha Mind", page 110)
[15] Selon le Vèm Dalai Lama, Rigdzin Goddem légua 32 de ces enseignements à
son fils rNam-rgyal mgon-po sous forme d’instructions et d’initiations, 15 à
rDo-rje mgon-po et 4 à son oncle Sangs-rgyas bstan-pa (aka bLa-ma do-pa-ba).
rDo-rje mgon-po et son oncle Sangs-rgyas bstan-pa étaient du reste présents
lorsque les trésors furent initialement découverts. Il en donna 4 autres à son
oncle Sangs-rgyas byams-bzang, et 7 à son neveu rDo-rje dpal-ba. Nam-mkha’
grags-pa et bDe-legs rgyal-mtshan en reçurent chacun 3. Comptaient parmi les
autres recipiendaires des enseignements originaux : Nam-mkha’ bsod-nams,
Sangs-rgyas dpon-chen, Don-grub dpal-bzang, mGon-po bzang-po, et Ye-shes
mkha’-’gro, mais aussi sGrub-pa-mo (épouse du gouverneur de Lho-’brag), les
rois Phun-tshogs-lde et mChog-grub-lde (dirigeants de Gung-thang), Thugs-rje
rgyal-mtshan (le professeur de la région de Se, qui contribua grandement à
l’établissement du Byang-gter), Nyi-ma bzang-po (le jeune auteur de la
biographie du gter ston rGod-ldem et qui resta en sa compagnie les dix
dernières années de sa vie) et, bien sûr, la femme de Rig-’dzin rgod-ldem, au
sujet de laquelle la biographie est étrangement silencieuse. Taglung Tsetrul Rinpoche
parle de “huit fils, huit dames et trois élèves.”
D’après: “A Brief History of rDo-rje-brag
Monastery” page 5.
[16] La biographie de Rigdzin Goddem ne mentionne que deux sbas yul:
’Bras-mo-gzhong et sKyid-mo-lung. Le Vèm Dalai Lama montre cependant que
le gter ston possédait les guides pour les sept pays cachés suivants:
’Bras-mo-gzhong, bde-ldan sKyid-mo-lung, sbas-pa Padma’i tshal, rol-pa mKha’-’gro-gling,
rgyal-gyi mKhan-pa-lung, Lha’i pho-brang-sdings, et Gro-mo-khud. Il avait
également la clé de Yol-mo-gangs, Bu-le-gangs, ’Bras-mo-khud, et rTag-so
gangs-ra. Johan Reinhard dans son article"Khembalung, la vallée cachée"
énumère et nomme les septs terres cachées comme: Khumbu, Helambu, Rongshar,
Lapchi, Dolpo, Nubri et Sikkim. Il n’est hélas pas possible
d’accorder exactement ces deux listes. Au sujet de Helambu, veuillez vous référer à
l’annexe Yol-mo du présent document. En ce qui concerne le Sikkim, voyez la
note suivante.
[17] Consultez
le document édité en anglais: “Pilgrim’s Guide to the Hidden Land of Sikkim,”
Bulletin of Tibetology, 2003.
[18] Voir la note 8 ci-dessus.
[19] Voir la note 13 ci-dessus.
[20] Gong khug est
une petite pochette portée autour du cou ou encore une poche située au sein de
la chemise, etc. En tout cas, le Gong khug ma est ce que portait Padmasambhava
continuellement près de son coeur. Certaines indications du fait que l’objet en
question est effectivement un kila se trouvent dans le gSol ’debs bar chad lam
sel. Padmasambhava y est décrit comme tenant dans sa
main droite un kila en métal de cloche (pour subjuguer les mara et raksasa), dans
sa main gauche un kila de bois de khadira (pour protéger les disciples dévoués),
et comme portant un kila en fer indivisible de la déité autour du cou. D’autre part, C.R.Lama insista sur le fait
que le Gong khug ma est un texte rituel condensé.
[21] gLo-bo est
un royaume du Mustang, le Népal d’aujourd‘hui. Jusqu’au 18 èm sciècle, gLo-bo, Dol-po et Gung-thang étaient
considérés comme faisant partie du bas mNga’-ris (mNga’-ris-smad). Durant la période Mongole (1240-1368), trois
districts de mNga’-ris (mNga’-ris-skor-gsum) ont pu être ajoutés La-dvags à l’ouest,
Zhang-zhung dans la région centrale, et Gu-ge sPu-au sud.
[22] Concernant les Sakya bzang-po, voir l’annexe concernant le Yol-mo.
[23] Thugs rje
chen po 'khor ba dbyings grol (1 vol.), Tshe sgrub bdud rtsi 'khyil pa (1
vol.), et Drag po dbu dgu (1 petit vol.). Ces trois volumes comprennent
les enseignements sur Avalokitesvara, Mañjusri et Vajrapani, ainsi que la
pratique de longue vie qui lui permit de vivre jusqu’à 113 ans.
[24] Une biographie abrégée de ce lama affirme qu’il était une
incarnation du roi Thrisrong De'utsen et la neuvième incarnation de Gyalsé
Lhaje, voir: "The Rise of Esoteric Buddhism in Tibet", de Eva Dargyay
pages 156 à 160, NSTB I 805-808, et "Masters of the Nyingma Lineage", pages 207 et 208.
[25] Selon Dudjom Rinpoche; "La totalité de la communauté
monastique de leur assemblée devint un campement itinérant à cause des
déprédations de Zhing-Shag-pa (Tshe-brtan rdo-rje), le gouverneur deTsang."
NSTB I 783. Par la suite, les troubles causés par le
gouverneur prirent fin, lorsqu’il fut tué par le rite magique courroucé de
Byang-bdag bKra-shis stobs-rgyal qui acquit alors son titre de
"Byang-bdag" (Protecteur des Trésors du Nord) en résultat de cette
action.
[26] bsGrigs
kyi bka' yig rdo rje 'bar ba gzi byin. Il composa également le
fameux sDom gsum rnam nges dans lequel il démontra l’inter-relation entre les voeux de pratimoksa, de bodhisattva
et du mantrayana.
[27] Bla ma bka' brgyad yongs 'dus chos skor.
[28] Ce sont
les Tshe
sgrub sku gsum rig 'dus, le Karma gourou'i chos skor et le Ma rgyud khrag
rlung ma (connu
également comme le Ma rgyud snying po don gsum).
[29] Le nombre
donné par Rigzin & Russell est de 2000. E.Gene Smith (dans "Among Tibetan Texts" - "Parmi
les Textes Tibétains") et Tarthang Tulku (dans "Crystal Mirror V"
- "Le Miroir de Cristal V") mentionnèrent le nombre de 200, alors que
Wylie (dans "The Geography of Tibet" - "La géographie du Tibet) "
et Ferrari & Petech (dans "mKhyen-brtse's Guide") avancèrent le
nombre de 400. Gene Smith et Tarthang Tulku mentionnent également cela, mais cette
fois, le monastère avait trois lamas incarnés.
[30] Troisième incarnation de sngags-'chang Sakya bzang-po. Voir annexe
concernant le Yol-mo.
[31] Voir la version anglaise du livre de Samten Karmay, "Secret
Visions" pages 66, 74, etc., et 34 où il est
dit que Padmasambhava lui-même donna les instructions Byangter au Vèm Dalai Lama.
[32] Parmi eux
se trouvaient Zur-chen chos-dbyings rang-grol, bKa'-gyur-ba bsod-nams
mchog-ldan, Khra-tshang-ba blo-mchog rdo-rje, gTer-chen 'gyur-med rdo-rje, lHa-btsun
nam-mkha' 'jigs-med et Se-ston thugs-mchog 'od-'bar.
[33] Parmi ses
disciples il y avait également le siddha bLo-bzang lha-mchog (1672-1747) qui
venait du Lho-brag gro-bo. Il est célèbre pour avoir révélé quatre terres
cachées: Seng-ge-ri, mKhan-pa-ljongs, Long-mo lha-steng, et ’Or-mo lha-sa (dans
laquelle il découvrit le palais deYam-shud dmar-po). Après
le meurtre tragique de son maître Rigdzin Padma Thrinlé en 1718, il put se réjouir de la découverte de son
incarnation sKal-bzang padma dbang-phyug. Après l’ intronisation de ce dernier à
Dorje Drag, il lui rendit visite en 1734 et en 1735 en vue de lui enseigner le rDzogs chen thugs rje chen po ’khor ba dbyings grol.
[34] Pour plus
de détails à propos de cette période de trouble historique, consultez les
livres suivants: "China and Tibet in the Early Eighteenth Century" de
L.Petech; et "A Cultural History of Tibet" de Snellgrove &
Richardson.
[35] La ville
de Dar-rtse-mdo se situe dans les profondeurs de la gorge de la confluence des
rivières Cheto-chu et Yakra-chu, affluentes de la rivière Dardo. C’était
à l’origine la capitale du royaume de lCags-la (un des cinq royaumes
indépendants du Kham) sous l’autorité héréditaire du lCags-la rgyal-po. D’après le livre: "Tibet
Handbook (2nd edition) ", Gyurme Dorje, de Bath, 1999, page
447.
[36] On peut voir des photos
du monastère de Dorje Drag récemment
restauré en cliquant sur GALLERY at www.tbrc.org
|
translation by Pascale (from Belgium) and Patrice, 2008, overlooked by Nadia Maati. ***07/2008 ar |